histoire de fille
l'encadreur,la chapelière, le cordonnier-précieux savoir-faire français
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l'encadreur........



ces métiers qui ne prennent pas une ride



cordonnier, encadreur, relieur…, ces métiers un temps oubliés ne vieillissent pourtant pas. portraits brossés de ces commerçants mazamétains qui résistent, tandis que d'autres métiers ont disparu.

avec leur savoir-faire au bout des doigts, ces artisans font partie du paysage mazamétain. leur nombre s'étiole, mais leur rareté entretient sans doute une sorte de fascination. ces artisans, dont les métiers ne vieillissent pas, nous ont ouvert les portes de leurs ateliers.

anne cathala-julié, destin hors du cadre

anne cathala-julié est installée comme encadreur depuis 12 ans. elle a changé du tout au tout, elle qui venait du milieu de l'animation. mais là aussi, il faut «savoir écouter les gens». j'aime beaucoup l'art, confie-t-elle. je sais marier les choses, qu'elles me plaisent ou non. anne peut encadrer aussi bien des miroirs que des toiles tendues, des photos, des ouvrages ou des objets précieux. tout est sur mesure.

sa mission: les mettre en valeur. elle rafistole aussi. «ce que j'aime bien c'est que c'est la personnalisation des murs.» on a déjà demandé à anne d'encadrer une collection de bijoux de moines ou encore une robe de baptême et une crinière de cheval, des toiles ou des dessins d'artistes célèbres. «on voyage, on part chez les gens. j'aime le contact avec les clients.»

anne a tout appris de l'ancien propriétaire de la boutique. ses clients lui font confiance et repartent avec une petite partie d'elle



robert salesses, trouver chausseur à son pied

cordonnier depuis l'âge de 14 ans, robert salesses, voulait pourtant être garde forestier. obéissant, il a filé droit lorsque son père lui a mis le pied à l'étrier. c'est avec lui qu'il a fait son apprentissage.

«j'avais 10 ans. le soir en sortant de l'école, j'allais lui finir les chaussures» quand robert s'installe à son compte, à 21 ans, mazamet comptait une trentaine de cordonnier, quatre rien que dans la rue des cordes. «les souliers étaient chers, on réparait plus que maintenant…»

a 91 ans, le mazamétain est toujours dans cet atelier où il a passé sa vie entouré de chaussures. on y trouve une machine centenaire ayant appartenu à son père. robert se tient encore derrière la porte vitrée dans la rue fréquentée frédéric mistral. il est à ce jour le plus ancien cordonnier de mazamet (jorge dos santos a sa boutique rue du pont de caville). «j'ai passé ma vie ici, je suis bien.»



nadine durand, la passion du chapeau

«il faudra toujours des chapelier», estime nadine durand. la chapelière a sa boutique chapodine place tournier. elle a pris la suite de bernard maurel en 1998. il lui a transmis son savoir-faire. sur une étagère trône un conformateur qui date de 1846. «on s'en servait pour prendre le tour de tête et réaliser un croquis du tour de tête. on me l'a offert», explique nadine.

la commerçante aime vendre les chapeaux, mais aussi les porter. «j'adore les chapeaux, j'en ai toujours porté. dans les années 1980 personne ne mettait de chapeaux, moi oui.» bérets basques, chapeaux cloche, formes borsalino, nadine essaye toutes les collections.

«la chapellerie, c'est du chapeau de feutre fabriqué en une seule pièce sur des formes et sans couture. typique de la chapellerie :une taille par modèle présenté pour les casquettes homme.» les préférés de nadine ce sont les feutres de poil pure laine. elle prodigue ses précieux conseils à ses clients. par exemple, «pour un visage trop fin, il ne faut pas un chapeau trop haut»



benoît dressayre, de l'or dans les doigts

avec un grand-père qui s'adonnait à la reliure pour le loisir et une tante qui a tenté de se lancer dans cette activité, il n'est pas surprenant que benoît dressayre en ait fait son métier. pourtant, il a fait de longues études et a commencé sa carrière professionnelle dans l'enseignement. après quelques années, il a arr&eecirc;té pour s'installer comme relieur. d'abord avenue de la république, puis rue paul brénac en 1985.

«j'avais toujours vu chez mes parents des livres reliés par ma tante.» benoît aime «le travail des mains et de la tête. il faut anticiper, réfléchir, ce n'est jamais la même chose». dans son atelier l'atmosphère est sereine, baignée dans une odeur de papier et de colle. quand certains livres arrivent en pièce détachées, le relieur sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur.

il ne travaille qu'avec de cuirs tannés de manière végétale, la ficelle est en chanvre et le fil de lin. les livres sont cousus ou collés (avec une machine que benoît a fabriqué). il faut respecter scrupuleusement les étapes. il se fie au cri de l'éponge pour lui indiquer la température de son outil avant de l'utiliser.

autodidacte en reliure, benoît dressayre est le seul relieur du sud du tarn. il était le 10e lorsqu'il s'est installé. ses clients viennent de toute la france lui confier des ouvrages, et même de l'étranger. «le relieur de province doit aussi être doreur, éventuellement marbreur et marbreur sur tranche.» c'est pourquoi l'artisan est allé en suisse pour apprendre la dorure sur tranche, après avoir appris la dorure à paris.

l'atelier du mazamétain regorge de plus de 1.000 fers à dorer. dans son atelier de marbrure à l'étage, il fabrique ses papiers. lui qui a passé sa vie à investir dans ce métier-passion n'a pas envie de raccrocher.

le relieur accompli un travail d'orfèvre, pour lequel patience, précision sans concession sont de rigueur. il faut aussi être ordonné et avoir des connaissances en histoire de l'art. il estime que contrairement au cordonnier qui a du s'adapter à l'évolution de la chaussure, dans son domaine c'est la clientèle qui a changé, plutôt haut de gamme.

source :sud ouest