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Forgeron, un métier toujours d'enfer
À la Forge de la Citadelle, Alex Bégaud, l'un des deux forgerons de la commune, forme des stagiaires et fabrique un peu de tout.
ALEXANDRE FRÉMONT
so.oleron@gmail.com
Un peu de carton, d'éthanol, de charbon, un peu de papier journal et enfin un peu de bois. Ça y est. La forge est en marche
et commence à cracher ses flammes. Le forgeron ferronnier Alex Bégaud n'oublie pas non plus d'allumer l'escargot, sorte de
ventilateur présent sous la forge pour lui donner constamment une flamme. « On utilise aussi du minerai pour faire atteindre
rapidement les 1 000 degrés à la forge », détaille-t-il tout en formant un petit tas sur le feu.
Dans son atelier qu'il loue à la mairie, notamment grâce à l'association Vauban publics, tout y est très atypique.
Installé dans une ancienne écurie de la citadelle du Château-d'Oléron, on y trouve des machines d'époque. Des enclumes
de 1890 et de 1971, une bombeuse à taule datant de 1904 ou encore un marteau-pilon de 1956. Ici, on se croirait reparti en arrière.
Et toutes ces machines, Alex Bégaud les utilise constamment : « Je travaille avec des outils d'époque parce qu'on nous
apprend tout le métier avec ces outils-là, raconte le ferronnier. Je faisais partie d'une des dernières formations de
ferronnerie d'art de Saintes avant qu'elle ne ferme. » L'artisan regrette le temps où de nombreux jeunes apprentis voulaient
découvrir le métier. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une poignée.
« Un métier qui fait rêver »
Pourtant, ce jour-là, Alex Bégaud reçoit Victor, stagiaire d'un jour et jeune homme animé par l'envie de devenir
forgeron depuis toujours.
« Mon grand-père était serrurier métallier. Tout ce qu'il faisait m'a toujours donné envie, s'enthousiasme
Victor, 16 ans à peine. Dans les fêtes médiévales, j'allais voir uniquement le forgeron qui fabriquait les petites
pointes de flèches. Je ne voyais que ça de la fête. »
Mais pas le temps de discuter, il faut passer à l'estampage. Il s'agit d'une méthode qui consiste à déformer
l'acier pour lui donner la forme que l'on souhaite.
Le principe est simple : pour une tige d'acier que l'on veut déformer au bout, il faut la mettre dans la forge, ce qui
servira à la chauffer. On la retire ensuite une fois qu'elle atteint la couleur entre rouge et jaune vif. Le forgeron
va enfin taper dessus, à la masse ou au marteau, en ayant préalablement posé la tige sur l'enclume.
Tout un art que Victor semble déjà maîtriser, si l'on en croit son mentor. « Les jeunes se disent peut-être que
ce métier est dur, ou qu'il a disparu. Mais regardez Victor : il sait déjà tout faire et il a de l'envie?! Pour moi,
c'est un métier qui fait rêver. Quand j'étais petit, j'ai vu l'atelier du copain de ma sœur,
qui était serrurier métallier . Ça m'a tout de suite donné envie?! », se remémore Alex Bégaud avec nostalgie.
« Le travail ne manque pas »
À l'extérieur, devant son atelier, des gens sont debout. Ils regardent travailler le maître et son apprenti.
« C'est tout le temps comme ça, souffle Alex. Ils sont curieux de voir comment travaille un forgeron.
Si c'est comme dans les films ou pas. »
Finalement, ce ne sont pas des épées ou des pointes de flèches qu'il réalise, mais plutôt des portails en fer forgé,
des rampes, des escaliers, des verrières...
C'est en fonction de la demande du client. « Je mets l'accent sur le
feeling avec les gens, explique-t-il. Mais ce n'est vraiment pas le travail qui manque. Je peux me permettre de
refuser quelques personnes pas trop sympathiques. » Une affaire qui roule pour lui, puisque de nombreux chantiers sont en cours.
Source :Sud Ouest